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Fils de mic
Il vient d'être mis à lhonneur dans un long article de Nicolas Mollo de Sud-Ouest consacré à sa nouvelle activité professionnelle.

Saveurs marquées, apports musclés, ses micropousses séduisent les restaurateurs de la Côte basque
Feutré et impersonnel. Un immeuble de bureaux comme un autre, dans une zone commerciale de Bayonne. En apparence, seulement. Derrière une porte du second étage, la froideur de l’open space a laissé place à l’atmosphère contrôlée d’une petite plantation. Dans des bacs noirs, alignés sur des étagères, s’épanouissent Les Récoltes urbaines de Damien Drouillet.
Les classiques petits pois, coriandre et roquette y côtoient les veines rouges de l’oseille sanguine ou l’oxalis acidulé. 25 références de micropousses, minuscules et colorées. Les premières doubles feuilles, aussi appelées le cotylédon. Pas plus. « La plupart sont récoltées entre six et quinze jours », explique Damien Drouillet. Elles ont pour elles le goût. Concentré et, parfois, différent de la plante à maturité. « Si l’on n’aime pas le brocoli, on peut apprécier sa pousse au goût poivré. Et ce sont des bombes nutritives. » La teneur en vitamine E des minifeuilles de chou rouge serait, par exemple, quarante fois plus importante.

Les feuilles agrémentent les assiettes de leur délicatesse et de leur puissance gustative.

Les plantes sont récoltées une fois le cotylédon, les premières doubles feuilles, épanoui.
Depuis longtemps démocratisées en Amérique du Nord, les micropousses arrivent sur le marché français depuis le début des années 2020. Damien Drouillet les a découvertes lors d’un séjour au Canada. « Une fois rentré, j’ai commencé par tester des graines et des terreaux à la maison. »
Le néoagriculteur de 39 ans croit au potentiel de ses protégées. « Je me suis lancé en 2021, sans rien connaître à l’entrepreneuriat. C’était flippant. J’en parlais à tout le monde autour de moi. Comme ça, je ne me laissais pas le choix : il fallait persévérer. »
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La pousse démarre à l’obscurité, entre deux bacs. « Quand elles soulèvent celui du dessus, il est temps de les mettre à la lumière. »
Sa volonté est mise à rude épreuve dès le départ. « Il m’a fallu six mois pour trouver un local. » Une ferme urbaine dans un bureau. Les bailleurs sont perplexes. Les chefs cuisiniers sont moins frileux. « J’ai fait le tour des arrière-cuisines avec mes échantillons et je suis tombé sur le bon. » Le Bayonnais Nicolas Bouchard, du Patxamama, est séduit. Il en parle sur ses réseaux sociaux, « suivis par la moitié du BAB ». Depuis, le bouche-à-oreille a fait son effet. Les petites plantes égayent un dressage et participent à l’assaisonnement. « Une base de professionnels fidèles me permet de continuer », sourit Damien Drouillet.
Il a, depuis, laissé tomber son premier local de 12 mètres carrés pour quatre fois plus grand. « Un peu plus serein aujourd’hui », il continue de compléter ses revenus avec une activité de frigoriste à temps partiel. « Faire plusieurs choses me plaît. » Ce touche-à-tout garde un œil sur ses semis ultrasensibles. « Je fais tout de A à Z. La pesée, le conditionnement, la livraison. Je suis attentif à produire sain. » Le terreau est choisi avec soin. Les graines proviennent en majorité d’Italie. Elles sont certifiées bio ou non traitées. Selon les variétés, le prix varie de 3 à 5 euros pour des portions entre 15 et 60 grammes.
À l’avenir, Damien Drouillet envisage d’ouvrir la vente aux particuliers. « En commençant à démarcher des supérettes. Mais c’est compliqué, le produit reste peu connu du grand public. » Il faudra à nouveau expliquer. Mais il gagne à être connu. |